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LA CROIX DE L’ISLETTE

Pater, les Ave, ne sont que l’accompagnement en sourdine de la prière profonde qui, comme une source, jaillit à travers le sable mouvant des âmes. Et voici ce qu’elle dit, la prière des fillettes de l’Île-aux-Coudres :

« Notre Père qui êtes aux cieux, donnez-nous du beau temps pour finir de semer les pétaques ; donnez-nous une bonne récolte et préservez-nous de la gelée ! Ainsi soit-il ! »

« Sainte Marie Mère de Dieu, guérissez Marie-Anne, qui est malade au lit depuis si longtemps ! La vie n’est pas bien drôle pour elle ! Faites qu’elle puisse sortir, rôder et bardasser comme nous autres ! Ainsi soit-il ! »

« Notre Père qui êtes aux cieux, ayez pitié du grand Joseph qui navigue sur les bâtiments à voiles, faites qu’il ne lui arrive pas de malchance ! Ainsi soit-il ! »

« Sainte Marie, Mère de Dieu, je vous prie bien fort pour Élie Dufour, mon fiancé, qui travaille en ville ! Faites qu’il pense toujours à moi ! Ainsi soit-il ! »

Elle dit cela la prière des fillettes de l’île-aux-Coudres, et bien d’autres choses encore, et cette prière monte vite et droit parce que pour elles Dieu est tout, n’étant rien autre que le Père qui est aux Cieux ! Et tandis qu’elles s’en retour-