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Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/158

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CROQUIS LAURENTIENS

à essence dont sont maintenant pourvus tous les pêcheurs.

Chacune des îles a ses particularités linguistiques que les gens des autres îles vous font malicieusement observer, et parfois plusieurs variations notables se rencontrent sur la même île. Ainsi les gens du Havre-aux-Maisons qui prononcent malaisément l’r et le v ont un parler fort distinct de ceux du Havre-au-Ber, et sur l’Île de l’Étang-du-Nord vous discernez les gens de la Vernière de ceux du Cap-aux-Meules. N’est-il pas remarquable que, dans un espace si restreint — les îles n’équivalent pas en étendue à un petit comté de la province de Québec — les parlers soient à ce point diversifiés ? Quelques bouts de conversation notés au passage renseigneront plus vite qu’une ennuyeuse dissertation.

Vous arrivez sous le ciel de la Madeleine et, descendant la passerelle du Lady Evelyn vous tombez dans le groupe des Madelinots, gens en service ou simples curieux, pour la plupart chaussés de longues bottes de caoutchouc. On vous salue poliment, et, sans le moindre embarras, on vous embauche dans une familière causerie.

— D’où est-ce que vous appartenez ?

— De Montréal.

— C’est la première foâ que vous venez aux îles ?

— Oui, monsieur !