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LES MADELINOTS

— Vous allez espérer une p’tite élan sur le tchais. François à Polyte va arriver avec son cab-à-rouet.

Cab-à-rouet semble une substitution récente, car le mot s’emploie ici pour désigner la voiture de promenade sur ressorts — en usage depuis quelques années seulement. Appartenir de est peut-être un anglicisme, et l’expression convient bien à des gens de mer en ce qu’elle comporte l’idée de port d’attache. Quant à élan, les Madelinots emploient ce mot toutes les fois où, dans notre langage populaire, nous disons escousse. Ce dernier mot n’est pas, comme quelques-uns le croient, une corruption de secousse, mais un bon vieux terme français qui eut longtemps sa place au soleil. Les deux mots : escousse et élan, d’ailleurs presque synonymes dans la vieille langue, ont subi des déviations de sens parallèles, ainsi qu’on peut s’en assurer en compulsant les vieux dictionnaires.

La brave hôtesse acadienne, pour vous remettre du mal de mer, vous a servi une affriolante tarte aux fraises. Elle apporte maintenant un pot de crème douce qui se répand sur la croûte dorée comme de l’ivoire liquide :

— Elle n’est pas (sans liaison) abondante, mais elle est fraîche. La vache que nous avons