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LES MADELINOTS

Oui ! C’est le temps ! À une heure on saute dans les traîneaux, et l’on glisse sur la neige des chemins pour être sur les glaces au point du jour. Et de fait, quand le soleil paraît, les chasseurs sont déjà à cinq ou six milles sur la banquise que le vent maintient fermement sur la dune. On traîne le canotte qui sert à franchir les mares et qui sera la ressource suprême en cas d’accident ou d’une saute du vent. L’air est vif et les hommes vont vite, blancs de givre, courant presque, s’aidant du long bâton qui est leur seule arme. Dans l’étendue glacée, les escouades se croisent venant des différentes îles. On s’interpelle :

— Les avez-vous trouvés ?

— Non ! rien à la Pointe-du-Ouest !

On continue son chemin sur la banquise… Tiens ! là-bas ! une escouade qui revient… Elle est chargée.

— Où sont-ils ?

— À la Pointe-au-Loup.

— Une petite mouvée ?

— Non ! Une grande mouvée ! Allez vous charger !

Bientôt les chasseurs sont au milieu du troupeau, tuant à coups de bâton les pauvres amphibies sans défense. Les phoques sont immédiatement habillés en conservant le lard adhérent aux