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CROQUIS LAURENTIENS

suivant et la suivante, l’autre, les futurs époux, passent par les chemins pour les invitations. Celles-ci se font oralement, à la façon patriarcale, au moyen d’une formule consacrée que l’on répète à chaque maison : « Vous êtes priés de la part d’Alphé et d’Estelle, de venir prendre le dîner à trois heures ». Le déjeuner et le dîner se prennent chez la mariée ; on soupe et l’on veille chez le marié. Pendant leur lune de miel, les époux vont rendre leur visite à tous ceux qui ont assisté à leurs noces, ainsi qu’à leurs parents et amis. C’est la ratification, et, pour ainsi dire, la consécration populaire de leur accord conjugal.

Au chapitre des réjouissances, disons encore que la Chandeleur, chez les Acadiens des Îles, est une grande fête, soulignée par dîner, souper et veillée dans chaque canton (groupe de trois ou quatre maisons rapprochées). Vers cette époque aussi a lieu une espèce de grande tombola organisée annuellement depuis quarante ans pour le soutien du Couvent. Cette tombola — dite Fishing-Pond pour une raison obvie — met en mouvement les Madelinots d’un bout à l’autre de l’archipel. Durant deux ou trois jours, le Havre-aux-Maisons ressemble à Jérusalem durant la Pâque. Il y a dîners — toujours ! — pêche aux objets, ventes, audition de contes du terroir, débités par des conteurs de renom, et le tout se termine par la mise à l’enchère d’un superbe pain de