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Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/219

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LE HAVRE-AUX-MAISONS

contractée envers Marguerite Bourgeoys et ses vaillantes émules, les fondatrices de nos ordres enseignants. Ma conviction profonde est que ce sont nos mères, qui ont tenu depuis trois siècles. Le pied au rouet et l’œil sur le berceau, ce sont elles qui ont empêché que notre race ne sombrât dans le grand anonymat anglo-saxon, qui nous ont gardé avec la foi bretonne et les chansons de France, ce beau sang pur, générateur de fierté, grâce auquel nous avons perpétué, presque seuls en cette vaste Amérique, une vigoureuse individualité ethnique. Si ce miracle de survivance est, jusqu’à présent, notre plus beau titre de gloire, qu’elle est lourde la dette contractée envers celles qui ont modelé, affermi et embelli l’âme de la femme canadienne !…

Le couvent vient d’être rebâti, en pierre, s’il vous plaît ! dans cet archipel où, sachant mieux qu’ailleurs que l’homme est un pèlerin sur la terre, on ne construit qu’en bois. De larges baies vitrées ouvrent sur la campagne vallonnée et sur le Golfe, de sorte que les acadiennettes nichées dans cette lumineuse volière peuvent à toute heure du jour voir la mer et l’entendre — condition nécessaire à leur parfait bonheur.

De peur qu’elles ne l’oublient, les bonnes religieuses leur racontent souvent l’histoire trempée de larmes qui est la leur. Elles leur apprennent à chérir le drapeau d’Acadie — les trois couleurs avec l’étoile mariale dans le bleu — et à