chanter l’hymne national qui, pour ce peuple martyr, ne pouvait être qu’un chant d’église : l’Ave Maris Stella. Aux heures de repos parfois, les rondes joyeuses s’interrompent, les petites lissent leurs cheveux en désordre, et par les fenêtres ouvertes l’on peut entendre la dolente chanson :
J’entends toujours la voix triste et plaintive |
qui reporte déjà si loin en arrière, que ce crime,
s’il n’était le chef-d’œuvre des crimes, serait
depuis longtemps aux oubliettes de l’histoire.
Deux siècles bientôt ! Et nul n’a oublié ! Le
pardon toutefois est descendu dans les cœurs, et
les petites, sans bien savoir qu’elles sont si grandement
magnanimes, chantent le refrain :
Mais pardonnons, c’est Dieu qui nous l’ordonne ! |
Oui ! petites acadiennes, pardonnez, mais souvenez-vous ! N’ayez pas honte de votre sang latin, de votre riche parler acadien, de vos simples atours et, pourquoi ne pas le dire, de vos vertus. Ne baissez pas votre tête brune, ni vos beaux yeux purs, devant les touristes Anglo-Saxons qui, parfois, promènent leur ennui sur vos îles, non,