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LE HAVRE-AUX-MAISONS

jamais ! Ils tiennent en ce moment de l’histoire, la terre et la mer. Oui !… Ils ont presque toute la puissance et presque tout l’argent. Oui encore !… Mais aussi vrai qu’il y a un Dieu au ciel, ils ont du sang sur les mains, et vous avez une palme dans les vôtres !… De sorte qu’en véritable et minime justice, étant, eux, les fils des bourreaux, et vous, les filles des martyrs, c’est à eux, sans doute, de courber la tête !…

On m’avait dit tant de bien du Havre-aux-Maisons que je voulus, dès le premier jour, en prendre la physionomie. Promenade pleine de charme, où le paysage change à chaque pas ! Plus encore que sur les autres îles, les chemins, ici, se croisent et s’entre-croisent, tombant complaisamment les uns dans les autres pour attraper les maisons capricieusement semées au hasard des vallons et des coteaux.

Les petites maisons de bois des Madelinots ont souvent trois ou quatre pignons, — coquetterie pas bien française ! — et leurs bonnes figures presque humaines regardent les quatre coins du ciel des yeux toujours veillants de leurs fenêtres. Malgré l’évident pullulement des petits Madelinots, le logis est généralement exigu ; il comprend un corps principal et une petite annexe — le tambour — qui est à la fois la cuisine et la salle