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LA GRANDE-ENTRÉE

réveille plus !… C’est là qu’au matin, on le trouva, n’ayant plus qu’un souffle de vie. Le Bourdais, aujourd’hui l’opérateur du sans-fil sur l’Étang-du-Nord, aime à raconter cette terrible aventure aux jeunes gens qui trouvent pénible la vie du pêcheur.

En cette même nuit, à la même heure, à quelques encablures seulement du lieu du premier naufrage, une goélette jerseyaise venait se briser toutes voiles dehors sur le même banc de sable, et un autre matelot, presque un enfant, cherchait lui aussi à échapper à la mort qui le couvait déjà. Errant sur la dune, sans soupçonner qu’un autre être humain partageait son malheur, il fut assez heureux pour tirer du bon côté, et tomber parmi les Anglais de la Grosse-Isle. Le vieux Best — c’est son nom — loge aujourd’hui les rares voyageurs qui passent par la Grosse-Isle, et il semble content du hasard qui l’a fait Madelinot.

Mais à la Pointe-de-l’Est où nous sommes, dans le bruit d’enfer de la vague qui, inlassablement, charge le grain de sable, son éternel ennemi, tous ces drames pâlissent devant celui du naufrage du Miracle, un gros transport, ayant à son bord quatre cents immigrants irlandais, et qui vint se briser ici, par une nuit de tempête. C’était en 1847. Les souvenirs qui restent de cette affreuse tragédie sont vagues. Entre quelques rescapés du Miracle, on cite une toute jeune