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BRION

masses blanches balancées sur le flot brassé par toutes ces hélices. Et ainsi jusqu’au soir. Borgotant joyeusement, le bateau reprend alors sa route, allégé, en contournant Brion, et nous pouvons nous promettre un beau couchant sur la mer.

Nous l’avons en effet, et splendide ! C’est d’abord une recrudescence de lumière qui inonde toutes choses, qui met du bleu et de l’or sur le noir des bois et l’oxyde des ferrures, qui fait luire l’ambre des cordages, le cuivre de l’habitacle, la peau tannée des matelots, qui fait vivre mieux et deux fois, et nous établit, semble-t-il, en communion plus intime avec l’astre très vieux d’où émanent les forces dont la vie se pare et se nourrit !

Vers sept heures, se montre au nord, faiblement, le Rocher-des-Oiseaux ; les blancheurs des bâtiments et le phare sont à peu près évidents, à la lunette. C’est un adieu définitif, et je pense encore une fois à la petite Bourque, et à mes promesses.

Quand nous passons en vue de la Pointe-de-l’Est, la lumière commence déjà son éternelle retraite devant la nuit. Quel que soit l’état de la mer, il y a toujours ici longue houle, et il faut saluer la terrible côte ! De bonne grâce, notre bateau paie son tribut et besogne sérieusement de l’avant. La barre de sable et les dunes sont