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Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/303

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LA CHANSON DES ORMES

nourrie aux souffles de passage, harmonisée au chant des oiseaux nichés dans leurs ramures. Mais les ciels de tempête éveillent en eux des rugissements de colère : la voix courroucée de la terre, fouillée au cœur par leurs racines serpentesques !

Viens, mon ami ! Allons ensemble entendre
rugir les ormes.


VIII

Quand la pluie a flagellé de ses verges de cristal la joue rude des feuilles de l’orme, quand la foudre l’a frappé au front et marqué du feu, quand l’orage a passé, et que le feuillage ruisselant et victorieux fait risette au soleil retrouvé, alors souvent, pour sceller la paix toujours rompue du ciel et de la terre, une invisible main déroule autour de la tête de nos grands ormes, l’orbe septicolore de l’arc-en-ciel !…

Viens, mon ami ! Allons ensemble voir sourire
les ormes.