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Page:Marie-Victorin - Croquis laurentiens, 1920.djvu/302

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CROQUIS LAURENTIENS

voir du sommet des collines, promener au rythme lent du soleil, sur le feutre vert des prés, sur le tapis fauve des champs moissonnés, de grands disques d’ombre, rousselés par le pelage des vaches à la sieste. Et quels superbes pied-à-terre ils offrent, les beaux ormes, pour reposer un instant les oiseaux pèlerins ! Semés dans la plaine parmi les clochers des églises, ne sont-ils pas eux aussi, des cathédrales d’autre sorte, ajourées pour la prière menue du peuple des oiseaux ?…

Viens, mon ami ! Allons ensemble voir régner
les ormes
.


VI

Qui le croirait ? Cet arbre-roi se fait volontiers histrion, s’appropriant tantôt la carrure du chêne, tantôt la déliquescence un peu mièvre du bouleau. Sous la pluie de rayons, il aime à déployer un immense parasol ou à dessiner sur nos horizons si souvent rectilignes, des profils gracieux de vases antiques !

Viens, mon ami ! Allons ensemble voir parader
les ormes.


VII

Les ormes ne sont pas muets comme on le pourrait penser. S’ils n’ont pas de langage, ils ont une voix, une voix douce et murmurante