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CROQUIS LAURENTIENS

Dans cette détresse et dans cette fidélité il y a quelque chose de profondément émouvant. Et cependant il a tort ce vieillard, comme tous les vieillards d’ailleurs, dans cet inutile effort pour retenir le passé qui, irrémédiablement, s’en va ! « La vie, disait Henry Bordeaux, est dure et volontaire comme une troupe en marche », et du passé elle se sert comme de matériaux pour reconstruire, toujours !


La montée du cimetière

La longue route ensablée qui monte vers le cimetière de Saint-Jérôme, est déserte par ce matin sans soleil, et il fait vraiment bon d’occuper seul le banc de bois, souvenir de cet excellent docteur Henri Prévost qui dort son dernier sommeil dans le sable roux, entre les racines des pins.

Sur l’immobile écran des nuages gris, les moindres bruits se répercutent, s’amplifient, se confondent, pour se résoudre en un halètement voilé, scandé par les castagnettes d’un pic martelant un cèdre mort. En sourdine, se croisent les appels des oiseaux inquiets ; notes nerveuses, notes menues, notes dolentes…