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CROQUIS LAURENTIENS

d’argent ! » À cette époque déjà lointaine, les fidèles, venus de tout le pays d’alentour, montaient ici en parcourant les stations du Chemin de la Croix disséminées le long du sentier de la montagne. Sur ce sommet, ils trouvaient une chapelle et une grande croix de cent pieds de hauteur. Le pèlerinage n’est plus ; la foudre a incendié la chapelle et abattu la croix, dont on peut voir quelques débris, plus menus d’année en année. Pour raconter ce passé, il ne reste que des bouts de planche calcinée, les chevilles de fer, et une belle floraison de lis tigrés, issus sans doute des bulbilles tombées des bouquets des pèlerins et qui, en juin, épanouissent leurs grandes fleurs orangées tout autour du rocher.

Mais ni le lac Hertel, ni le Pain-de-Sucre ne sont le tout de Belœil. Sur le flanc nord de la Montagne, s’aperçoit d’en-bas une ouverture triangulaire dont la pointe est dirigée vers la terre. C’est la Grotte des Fées. De grotte il y a peu ou point, et de fées, pas davantage ; deux grosses lacunes, avouons-le pour une Grotte des Fées ! Mais les approches mystérieuses, hostiles, sauvages, faites, semble-t-il, pour servir de vestibule à un lieu d’horreur ou de crime, conspirent pour en créer l’illusion. Pour atteindre à la Grotte, il faut monter péniblement à travers un amoncellement de gigantesques quartiers de roche détachés de la montagne aux âges anciens, aux temps glaciaires