Page:Marie-Victorin - Récits laurentiens, 1919.djvu/37

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la droite, de ses deux doigts levés, montre le ciel. Le galbe étrange de cette figure semble avoir été taillé tout exprès par l’artiste italien pour plaire aux squaws qui venaient autrefois, au petit jour, enveloppées dans leurs couvertures multicolores, s’accroupir aux pieds de la Madone.

Or donc, en 1697, les Hurons, ayant à leur habitude épuisé la terre et la forêt, décidèrent d’émigrer encore, de transporter leurs pénates sur les bords ravinés et grondants du Cabir-Coubat, au lieu qui s’appelle depuis, la Jeune-Lorette, pour la distinguer de l’autre, qui devint du fait l’Ancienne-Lorette. Les sauvages ne se firent pas faute d’emporter de leur chapelle tout ce qu’ils purent : ornements, autel, cloche, gonds et serrures. Ils emportèrent aussi, disent la tradition et ma grand’mère, leur chère statue de Notre-Dame. Mais, ô surprise ! dès le lendemain, elle avait d’elle-même repris sa place dans la chapelle dépouillée ! Joie des Français restés au village, ébahissement des Hurons qui croient à une fraude et reviennent en grande hâte chercher leur trésor. Mais la merveille se répète ! Dès l’aube du jour suivant, les quelques fidèles de l’Ancienne-Lorette assemblés pour la messe retrouvent la Vierge sur son socle. On renouvelle l’expérience ; toujours le même résultat. Enfin, de guerre lasse, on laissa la