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GÉRARD DE NERVAL

LES ORIGINES ; LES SEMENCES MYSTIQUES

AUSSI loin (ju’il est permis de scruter les origines maternelles de Gérard, celles dont il prétend avoir aspiré le plus de lui-même, nous rencontrons de fortes souches paysannes, enracinées aux terroirs généreux de la Picardie et de l’Ile-de-France. A cinquante ans d’intervalle, au xviii^ siècle, deux rameaux s’en détachent, qui, transplantés des plateaux agraires aux vallées sylvestres et lacustres, vont mêler une race placide de laboureurs à une autre plus inquiète de chasseurs et de solitaires.

C’est à Estrées-Saint-Denis, bourgade rurale sise en province picarde, au nord-ouest de la forêt de Compiègne, qu’il faut chercher l’une des racines les plus anciennes de cette famille. Les actes religieux nous y apprennent que, le 29 janvier 1689, s’unirent par légitime mariage François Boucher et Marie Commelin, tous deux de ladite paroisse d’Estrées-Saint-Denis,

Union féconde et bénie, à la vérité, puisqu’on un intervalle de dix-neuf ans, en naissent dix enfans, dont la venue s’échelonne de janvier 1689 à décembre 1707. Pour quelles raisons l’avant-dernier né de cette famille délaisse-t-il la plaine ancestrale pour aller chercher fortune près des étangs de Chaâlis ? C’était l’un de ces beaux sites, où, dans l’harmonie des bois et des eaux, les solitaires du moyen âge aimaient à édifier les arcades de leurs cloîtres et les hauts murs de leurs abbayes. La philosophie n’y avait