Page:Marie Curie - L'isotopie et les éléments isotopes, 1924.pdf/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tibles d’assurer un équilibre ; celui-ci étant probablement soumis aussi à la loi des quanta. Quoiqu’il en soit, la difficulté d’assemblage de noyaux d’hélium et aussi de protons croît, sans doute, avec leur nombre, et c’est probablement pour cela qu’avec l’augmentation du nombre atomique, on voit augmenter aussi le nombre d’électrons nucléaires. Le noyau d’uranium, par exemple, doit contenir en tout 146 nucléons. Si ce noyau possédait 59 hélions et 2 protons, le nombre des nucléons engagés dans des hélions serait 118, et il y aurait 28 nucléons destinés à cimenter l’édifice des unités positives, alors qu’il n’y a point de tels électrons dans les noyaux de carbone et d’oxygène.

Les éléments instables (radioéléments) apparaissent dans la classification au nombre atomique 81 (type thallium) et aux nombres atomiques plus élevés. On doit penser que pour N > 92 on obtient des structures de noyaux dont la probabilité est minime ou la stabilité très faible.

37. Considérations sur la structure de radioéléments. — La diversité des périodes des radioéléments isotopes oblige à admettre une grande variété de structure qui n’est rendue par aucun des modèles jusqu’ici proposés. Il n’existe pas de radioéléments de périodes égales, et l’on n’aperçoit aucune relation entre la période et la structure. Seule subsiste l’affirmation générale que l’instabilité résulte, sous des conditions encore inconnues, de l’augmentation du poids atomique.

En formant les noyaux d’uranium et de thorium à partir de noyaux d’hélium, de protons et d’électrons nucléaires, on aperçoit que le noyau de thorium pourrait contenir un nombre entier de noyaux d’hélium ; tandis que le noyau d’uranium contiendrait nécessairement 2 protons supplémentaires. Comme on n’a jamais constaté d’émission d’hydrogène par les radioéléments, bien que cette émission ait déjà été recherchée, les deux protons qu’il faut attribuer, au minimum, au noyau d’uranium, se retrouvent dans le noyau de plomb d’uranium 206. Si ce plomb est stable, son noyau peut exister dans celui d’uranium avec une certaine indépendance, et les éléments supplémentaires (8 hélions et 6 nucléons) formeraient, en ce cas, l’ensemble qui subit la transformation. La structure des plombs instables pourrait de même résulter de l’assemblage du plomb 206 ou du thallium 204 avec des hélions et des nucléons supplémentaires.

On s’est demandé comment il est possible que, dans une transformation par émission de rayons , un nucléon puisse s’échapper du noyau, malgré la charge positive totale de celui-ci. J’ai montré que cette expulsion est possible avec travail fourni, par le seul effet des forces électrostatiques [84]. Imaginons une paire de nucléons placés à très petite distance