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donnée est donc du même ordre que , la valeur de étant de la forme l est la longueur du tube et K un nombre entier qui caractérise les termes successifs de la série. La plus grande valeur de t correspond au premier terme pour lequel . Si l = 10 cm., l’équilibre est rétabli en ce qui concerne ce terme en 23 jours à 1 % près, et la réduction de l’écart à la moitié de sa valeur a lieu en 3,5 jours quelle que soit l’importance du gradient initial. Si l = 20 cm., ces chiffres sont portés à 90 jours et 14 jours. Dans le cas des gaz ces durées sont réduites à moins d’une heure, la valeur des coefficients de diffusion étant beaucoup plus grande (p. ex. pour CO2 dans l’air à la pression atmosphérique.)

Les expériences sur la centrifugation des liquides sont encore peu nombreuses, et elles n’ont pas d’ailleurs donné jusqu’ici des résultats encourageants. La première tentative dans ce sens a été faite par Joly et Poole [89] qui ont centrifugé du plomb dans l’espoir de révéler une composition complexe. La centrifugeuse utilisée pouvait tourner à 9.000 tours par minute, la vitesse périphérique étant 104 cm. par sec. Le plomb fondu se trouvait dans des tubes d’acier, fermés afin d’éviter l’oxydation ; il était maintenu en fusion par un système de chauffage électrique. Après une rotation d’une heure, la centrifugeuse était arrêtée, et des prises de plomb étaient faites en six lots. Avec chacun de ces lots on a fait de petites sphères, dont on a déterminé la densité par une méthode permettant d’obtenir une précision de 0,03 pour mille. Les écarts de densité observés se sont montrés de l’ordre des erreurs d’expérience ; le résultat a donc été entièrement négatif. La différence prévue entre les densités extrêmes était d’environ 0,05 pour mille.

L’efficacité de la méthode a été contrôlée par la centrifugation d’alliages de composition connue. Les résultats obtenus n’ont pas été très réguliers. Avec des alliages contenant 90 à 97 % de plomb et 10 à 3 % d’argent on n’a obtenu aucune séparation. Avec des alliages plomb-étain, on a obtenu, au contraire, un résultat positif, bien qu’un de ces alliages soit un composé défini. Au total, il est clair que la méthode n’a pas fourni les résultats prévus. L’une des causes d’insuffisance peut être cherchée dans la durée de la centrifugation qui était certainement trop courte. D’après les considérations exposées ci-dessus, on peut juger qu’une différence appréciable n’aurait pu être établie qu’en plusieurs jours. Des expériences faites par Mülliken [87] ont montré qu’il existe aussi d’autres causes d’erreur qui viennent troubler le phénomène cherché.