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l’eau pure séparément. Dans la solution de ce résidu on dosait le chlore par comparaison avec une solution normale. Le rapport du chlore à l’argent a été trouvé le même dans les deux cas.

Dans une autre expérience, le gaz AzH3 a été utilisé comme milieu absorbant. Pour cela on maintenait à la température de 290° un mélange de chlorure d’ammonium et de gaz chlorhydrique contenu dans un ballon. Le sel en se sublimant se décompose et se condense à nouveau dans le col du ballon. On espérait que le gaz résiduel serait enrichi en molécules plus lourdes. Cependant la détermination comparative des poids atomiques n’a décelé aucune différence entre les gaz soumis à la réaction et le gaz normal.

Brönsted et Hevesy ont émis l’idée qu’un courant de chlore circulant dans un tube d’argent pourrait abandonner à la paroi une petite fraction de ses molécules, et que cette fraction absorbée serait enrichie en molécules légères, de sorte que le rapport des concentrations de Ag Cl35 et Ag Cl37 serait plus grand que celui des isotopes dans la phase gazeuse. L’expérience n’a pas été faite [97].

Mülliken [97) a essayé de séparer les isotopes du mercure par dissolution dans le cyanure de potassium au moyen de l’électrolyse, espérant que la formation d’ions complexes créerait à la limite des deux phases des conditions favorables à la séparation. Le résultat a été entièrement négatif. Il en a été de même pour l’action du mercure sur le soufre en poudre.

Merton [98] a maintenu en contact une grande quantité de chlorure de zinc fondu avec une petite quantité de zinc fondu, espérant qu’il se produirait un échange entre les deux phases, avec séparation partielle des isotopes du chlore. Le résultat a été négatif.

En ce qui concerne ces essais on peut remarquer que nous ignorons les conditions qui déterminent la réaction. Il est possible et même probable, que le nombre de rencontres moléculaires ne suffit pas pour déterminer le problème, et que la proportion des chocs efficaces dépend de la configuration moléculaire au moment du choc, de l’état des molécules (sensibilisation par chocs préalables ou par radiation) et de la durée du choc laquelle dépend elle-même de la vitesse moléculaire. L’augmentation du nombre de rencontres pour les molécules légères pourrait être compensée par l’effet défavorable d’une durée de rencontre plus réduite.