Page:Marie Lenéru - La Paix.djvu/153

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n’était pas cela… c’était pire… (Mabel ne quitte Pas des yeux le portrait de la cheminée.) Le crime était pire… mais l’assassin m’échappait ! … Si anonyme, si formidable, si insaisissable qu’il soit… je vengerai le martyre de mon frère ! Moi aussi, je dirai : Je ne veux plus, je m’oppose… (Mabel a fermé les yeux, elle garde une attitude de recueillement et de douleur.) Lady Mabel, croyez-vous qu’il y ait quelque chose à faire en ce pays-ci ?

Mabel, rouvrant les yeux avec élan.

Beaucoup. Plus que nulle part ailleurs.

Jean, toujours debout au pied du lit.

Sans disposer d’une fortune comme la vôtre, moi aussi je suis un héritier de la guerre… L’héritage de mes frères me fait riche ; (rude) ces fortunes-là, on ne les dépense pas comme les autres… je n’en veux rien conserver.

Mabel

Je vous comprends. Soyez tranquille. Vous en aurez l’emploi. En France aussi vous poserez des premières pierres.

Jean, après un temps. Voix nette et basse, voix sèche de l’émotion.

Le sacrifice est immense, plus dur que