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les forçats du mariage

Ils se rendirent ensemble au Luxembourg, où Juliette et Mme de Brignon les attendaient.

Si Étienne eût vu Juliette un mois auparavant dans toute la splendeur de sa beauté, il eût été peut-être moins disposé à l’aimer qu’en cet instant. Il eût trouvé, lui qui voulait un être à protéger, un peu trop d’énergie dans son regard passionné et dans le ton violent des lèvres ; mais son beau visage, pâli et adouci par la souffrance, le toucha vivement.

Cette première entrevue ressembla d’ailleurs à toutes les entrevues du même genre : on échangea des banalités, on fut embarrassé et l’on s’observa à la dérobée.

Robert voulut reconduire ces dames jusqu’à la rue Jean-Bart. Il offrit son bras à Juliette qui réprima un mouvement de répulsion.

Étienne offrit le sien à Mme de Brignon.

— Eh bien ! dit Robert ému, car il sentait trembler le bras de Juliette, M. Moriceau pourra-t-il se présenter demain chez vous ?

— Oui, répondit-elle, les dents serrées par la contrainte qu’elle s’imposait.

— Ainsi, il vous plaît ?

— Oui.

— Je puis le lui dire.

— Si vous le jugez à propos.

— Comment vous trouvez vous ?

— Je voudrais être morte.