— Pourquoi, Juliette ?
— Parce que vous êtes vivant, et que je ne puis vivre avec la pensée…
Elle s’arrêta.
— Vous me haïssez donc bien ?
— De toutes mes forces.
— Vous êtes injuste.
— On en condamne de moins coupables que vous. Vous m’avez fait endurer des tortures auprès desquelles la mort est un bienfait.
— Les circonstances seules sont coupables.
— Que me font, à moi, les circonstances ?
— Vous épouser, Juliette, c’eût été vouloir votre malheur.
— Me croyez-vous heureuse aujourd’hui ?
— Vous le serez, j’en suis sûr.
— Taisez-vous. Vous savez bien que c’est impossible.
— Mais alors pourquoi vous marier ?
— Ah ! oui, pourquoi ?… Cela ne vous regarde pas.
— Je suis et serai toujours votre ami.
— L’amitié entre nous ? je ne comprends pas ce sentiment-là.
— Vous vous mariez par colère peut-être ? Eh bien ! il vaudrait mieux attendre que la colère fût passée.
— Non, ce n’est ni le dépit, ni la colère, ni la haine qui me décident, c’est…