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les forçats du mariage

Elle hésita, comme si cet aveu lui coûtait un violent effort.

— C’est ?…

— Je veux voir votre femme, je veux qu’elle assiste à mon mariage, seulement à l’église. Peut-être, quand je l’aurai vue, serai-je plus tranquille. Entendez-vous, je le veux.

— Vous serez obéie.

On était arrivé rue Jean-Bart.

— Madame, dit Robert à la grand’mère de Juliette, comme je vais retourner à la campagne, je sollicite pour mon ami la permission de venir demain prendre des nouvelles de Mlle Delormel. Il me les transmettra.

— Tous les jours, à deux heures, nous sommes visibles, répondit Mme de Brignon.

— Eh bien ! comment la trouvez-vous ? demanda Robert à Étienne.

— Ah ! mon ami, merci ! s’écria Étienne avec effusion, je vous devrai le bonheur de ma vie. Tout ce que mon imagination avait rêvé est encore surpassé. Si jeune, si belle, et tant de malheur déjà ! Elle n’a jamais été aimée, dites-vous ? Tant mieux, car je saurai l’aimer de tous les amours à la fois. C’était pour elle que je faisais des épargnes de tendresse. Je sens que je l’aimerai éperdument, toute ma vie, quoi qu’en pense votre scepticisme. Ainsi je ne lui ai pas déplu ?

— Non, au contraire.