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les forçats du mariage

rons le lendemain. Voilà dix ans que nous vivons ensemble, parfaitement heureux ; pourquoi quitter le connu pour l’inconnu ? L’idée qu’une chaîne indissoluble nous riverait l’un à l’autre, suffirait pour me la faire prendre en grippe, cette bonne et charmante Annette.

— Je maintiens le pari, repartit Robert en prenant congé de Pierre Fromont.

Arrivé place Saint-Sulpice, il fit arrêter son coupé, remonta la rue Bonaparte, tourna la rue de Vaugirard.

Le malheureux allait rue Jean-Bart.

Mais en cet instant, une voiture en débouchait. Il ressentit au cœur une forte commotion ; son regard plongea dans la voiture. Il reconnut Étienne et Juliette.

Un cri rauque de jalousie, de rage, s’échappa de sa poitrine ; il fit un mouvement instinctif, mouvement désespéré, pour s’élancer après cette voiture qui emportait les jeunes mariés.

Quand il rejoignit son coupé, il chancelait.

Le soir même, il partit pour Bade avec Marcelle.

Il comptait sur les émotions du jeu pour faire diversion à cette bizarre et intolérable souffrance.