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les forçats du mariage

— Ah ! mère !…

Elle hésita comme si ce douloureux secret lui coûtait à avouer.

Mme Rabourdet interrogeait avec un regard si plein d’angoisse que Marcelle s’empressa de continuer :

— J’ai été heureuse, bien heureuse. Pendant huit jours, j’ai eu tout son cœur, toutes ses pensées. Connaître pendant huit jours une félicité pareille, c’est assez peut-être pour le bonheur d’une vie entière ; car enfin, si je n’avais pas épousé Robert…

— Tu en aurais épousé un autre qui t’eût aimée toujours.

— Il n’y a que Robert qui sache aimer ; et maintenant encore je ne voudrais pas échanger mon malheur contre le bonheur d’une autre.

— Oui, mais tous les jours tu souffriras davantage, il se contiendra moins. Ah ! je ne veux pas, moi, que tu aies une vie pareille, dit la pauvre mère toute bouleversée. Quitte ton mari, reviens avec nous. Je t’aimerai tant, moi, mon pauvre ange, et je serai si heureuse de t’avoir encore auprès de moi, de te soigner, de te dorloter comme par le passé ; car tu me manques aussi beaucoup, bien que je n’ose me plaindre.

— Quitter mon mari, maman ! Mais tu n’y songes pas. Un mari qui n’a pour moi qu’attentions, prévenances, ce serait odieux. Je l’aime d’ailleurs,