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les forçats du mariage

Juliette, surprise, ploya, poussa un cri sourd.

— Laissez-moi, dit-elle.

— Non, car tu m’aimes aussi.

— Je ne vous aime pas. Je ne veux pas vous aimer.

— Enfant ! tu ne veux pas. Est-ce que tu peux résister à cet amour ? Un aimant plus fort que notre volonté nous attire l’un vers l’autre.

— Non, non, répétait-elle frémissante.

— Soyez sincère, Juliette, vous voulez vous venger, n’est-ce pas ? me faire expier le passé, vous assurer de mon amour. Eh bien ! j’attendrai votre pardon.

— Je ne vous pardonnerai jamais.

— Alors, pourquoi êtes-vous venue me chercher ?

— Parce que…

— Parce que, malgré toi, tu souhaitais de me revoir.

— C’est le démon qui m’y poussait.

— Le démon, Juliette ! dis plutôt la passion, la divine passion à laquelle on ne peut résister.

— Pour quelle femme me prenez-vous donc ? Tromper Étienne, cet homme si bon ! Y pensez-vous ?

— Non, je n’y veux pas penser. Mais Étienne ne peut empêcher cet attrait irrésistible qui nous unit, qui nous étreint. Il est bon, il est tendre, c’est vrai ; il est fait pour le dévouement, le sacri-