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les forçats du mariage

cette irrésistible passion. Jusqu’alors cet amour entravé avait été plein de luttes, de remords, de sourdes récriminations. Maintenant ils oubliaient tout, le monde, le passé, l’avenir. Ils oublièrent aussi que le temps s’écoulait.

Il était six heures quand ils quittèrent la rue Jean-Bart. Juliette se jeta dans une voiture de place. Quant à Robert, se sentant incapable de contenir son bonheur, redoutant les regards, les questions de Marcelle, au lieu de rentrer immédiatement chez lui, il s’arrêta rue Madame, chez son ami Pierre Fromont.

Depuis le dernier Salon, Pierre était devenu un peintre célèbre ; et dans le monde artistique, on prônait à l’avance une œuvre capitale qui le poserait au premier rang.


XXI


Robert allait donc voir Pierre Fromont, autant pour épancher le bonheur dont son cœur débordait que pour s’informer de lui et de ses travaux.

On le fit attendre quelques instants. Il entendit dans l’atelier un bruit de chaises et de portes, des Chuchotements, des pas précipités.

— Pardon, dit Robert, j’ai fait fuir quelqu’un.