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les forçats du mariage

— Du tout, répondit Pierre embarrassé ; car malgré ses théories profondément perverses, c’était un homme naïf.

— Allons, tu vas bien. Bon ! je me sauve.

— Tu ne me déranges aucunement. Je suis très-heureux de te voir, au contraire, car je commençais à être fort inquiet de toi. Je n’osais aller te déranger : je te savais si occupé.

— Occupé, moi !

— Eh oui ! ta nouvelle lune de miel !

— Je n’y suis pas.

— Cependant, on ne parlait, le mois passé, que de ta passion pour la belle Mme Moriceau. On dit même que le mari, qui est noir comme un Othello, fait très-bien dans le paysage. Mais, peut-être, est-ce déjà de l’histoire ancienne !

— On parle, dis-tu ?…

— Comment ? cela te surprend ? Paris est plus cancanier que la plus petite ville de province.

— Ah ! s’écria Robert, je suis un misérable !

— Oh ! oh ! comme tu prends la chose au tragique aujourd’hui !

— J’avais cru…

— Parbleu ! les amoureux sont comme les autruches ; parce que, tout absorbés en eux-mêmes, ils ne voient personne, ils s’imaginent que personne ne les voit. Ma parole ! tu as l’air bouleversé ! Bah ! un mari moqué de plus ou de moins ! Tu ajouteras