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les forçats du mariage

tin, elle allait à confesse et le soir au bal ; interrompait ses fonctions de dame patronesse pour prendre une leçon de la chanteuse en vogue ; organisait des concerts pour les pauvres et des comédies de salon ; se rendait à Notre-Dame pour entendre le prédicateur à la mode, en passant chez le tailleur en renom ; quêteuse à la messe et joueuse effrénée sur le turf, elle avait, en un mot, cette dévotion commode, admise aujourd’hui, encouragée même. Le clergé parisien, le plus intelligent des clergés, comprend en effet qu’à une époque où règnent l’indifférence religieuse, l’amour des plaisirs et du confort, où fleurit le système Haussmann, il faut remplacer, par des routes larges et faciles, les sentiers épineux qui conduisaient au ciel.

Cependant, cette vie luxueuse entamait rapidement la fortune d’Étienne. L’hôtel n’était pas payé. M. Rabourdet avait plusieurs fois demandé le remboursement de sa créance. Étienne craignant de blesser la susceptibilité de Juliette dans ces délicates questions d’argent, n’osait lui reprocher ses dépenses exagérées.

Un jour, il reçut une foudroyante nouvelle. Son correspondant de Rio-Janeiro lui annonçait la faillite d’un armateur qui était le principal débiteur de son père. Étienne perdait là un million.

Quel parti prendre ? Préviendrait-il immédiatement sa femme ? Mais que servait d’attendre ! Ne