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les forçats du mariage

fallait-il pas modifier dès ce moment leur train de maison, mener une existence plus modeste ? Il résolut donc d’aller sur-le-champ trouver Juliette. Toutefois, près d’entrer chez elle, il hésita ; car il souffrait cruellement, non pour lui qui aimait la simplicité, mais pour elle, que ce changement de fortune allait vivement chagriner.

Au moment où Étienne apprenait la nouvelle de ce désastre, Juliette recevait un billet de Robert qui, pour la seconde fois, ajournait un rendez-vous.

À la lecture de ce billet, prise d’un tremblement nerveux, elle s’était laissée tomber sur un siège ; car elle avait cru qu’il ne l’aimait plus.

Cette lettre ne contenait pourtant que quelques lignes en apparence fort insignifiantes.

« Chère madame, écrivait-il, un obstacle tout à fait imprévu me privera aujourd’hui encore du plaisir de vous voir. Je n’ose plus prendre de nouvel engagement. Je craindrais d’ailleurs de vous gêner dans vos projets. Il faut, vous n’en doutez pas, un empêchement bien grave pour me forcer ainsi à remettre ma visite. Nous partons ce soir pour la campagne. Nous y recevrons demain quelques personnes. Je compte sur vous et sur Étienne. À demain, n’est-ce pas ?

» Recevez mes bien affectueux respects.

Robert. »