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les forçats du mariage

tiques. Tu seras assez sage, je pense, pour diminuer un peu le luxe de tes toilettes.

Dans l’état de surexcitation où elle se trouvait, ces reproches indirects, ces conseils d’économie l’irritèrent.

— Non, dit-elle sèchement, je ne veux rien retrancher de ce que vous appelez mon luxe ; je préfère me passer du nécessaire que du superflu. Enfin, j’aime mieux une franche pauvreté que la médiocrité. Quand nous serons ruinés tout à fait, il sera temps de nous restreindre.

En faisant cette réponse égoïste, Juliette pensait que Robert ne pouvait l’aimer qu’entourée de luxe, cette poésie matérielle, indispensable à l’amour. Il le lui avait dit souvent : le luxe est à une femme ce qu’est la lumière à un tableau.

— Alors, reprit Étienne, tu veux que nous nous jetions dans les dettes, les tracas ?

— Quand je serai vieille, je ferai des économies.

— Tu raisonnes comme un enfant. Mais j’aurai du caractère et du courage pour toi : car continuer un train pareil sans être certain de pouvoir payer, ne serait pas d’un honnête homme. C’est là ce qui me donne la force de te résister. Plus tard tu me remercieras.

— Que prétendez-vous donc faire ? demanda-t-elle avec hauteur.

— Je te le répète : vendre d’abord cet hôtel que