je n’avais acheté que pour satisfaire un de tes caprices.
— Vous m’aimiez alors, tandis qu’aujourd’hui…
— Je ne t’aime plus, n’est-ce pas ? dit-il avec un sourire triste.
Il contint les larmes qui lui vinrent aux yeux.
— Non, vous ne m’aimez plus, répliqua-t-elle, car maintenant, vous ne voulez satisfaire mes caprices que s’ils sont raisonnables. C’est à la raison que vous obéissez et non plus à moi.
— Alors que souhaites-tu donc ?
— Eh bien ! que vous poursuiviez plus activement la liquidation des créances de votre père. Peut-être faudrait-il aller vous-même à Rio-Janeiro. L’affaire en vaut la peine.
Un espoir traversa l’esprit d’Étienne.
— Viendrais-tu avec moi ? dit-il.
Il voulait savoir si sa femme l’aimait assez pour le suivre, ou si elle le trompait et désirait son éloignement.
— J’ai trop peur de la mer, répondit-elle ; sans doute cette séparation serait bien pénible ; mais que durerait-elle ? cinq ou six mois tout au plus.
Il regardait soucieux flamber le feu qui pétillait.
Cependant Juliette attendait avec anxiété la réponse de son mari.
— Libre pendant six mois, se disait-elle, libre enfin !