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les forçats du mariage

sent l’une à l’autre. Cela nous empêche-t-il d’aimer nos femmes, de les respecter ?

— Oui, vous aimez vos femmes, repartit Mme Rabourdet avec une indignation qui l’ennoblissait presque, vous les aimez comme de bons chiens fidèles, comme des servantes qui mettent l’ordre dans la maison. Vous les respectez, dites-vous ? Ce que vous respectez en elles, c’est votre propriété, votre chose. Mais vous n’avez jamais pour elles que paroles sèches ou indifférentes. Si, dans votre for intérieur, vous méprisez vos maîtresses, du moins leur montrez-vous tous les dehors du respect. À elles les attentions, les hommages, les riches présents, à elles tout votre amour. Ainsi, depuis le retour de Mme Moriceau, Marcelle s’est vue complètement délaissée, délaissée malgré sa beauté, sa jeunesse, sa fortune.

Mme Moriceau ! s’écria M. Rabourdet qui devint cramoisi, vous supposez que Mme Moriceau est la maîtresse de M. de Luz !

— Il n’y a que vous qui l’ignoriez.

— M. de Luz m’a certifié que cela n’était pas.

— Et vous croyez un homme qui trompe Marcelle vingt fois par jour ?

— Il ment par nécessité, parce que Marcelle l’ennuie sans cesse de ses soupçons, de ses reproches.

— Pauvre enfant ! Elle ose à peine le questionner.