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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/254

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les forçats du mariage

ta femme adorée ! Ah ! nos existences sont bien confondues, va ! Et rien jamais ne pourrait nous séparer. Tu m’en as voulu peut-être de t’avoir engagé à partir pour Rio-Janeiro ; mais tout aussitôt j’ai réfléchi que je ne pourrais vivre aussi longtemps loin de toi. C’est pourquoi tu m’as vue triste hier tout le jour ; c’est pourquoi aussi j’ai prié M. de Luz de sortir avec moi dans le parc. Comme il m’a souvent consolée dans mes chagrins de jeune fille, je voulais lui conter nos embarras, lui demander d’intervenir auprès de M. Rabourdet. Il le fera. Et c’est cette promenade qui peut-être t’a fait croire… Ah ! je ne puis penser à cela sans que mon cœur se gonfle d’indignation, sans que la honte m’étouffe. Mais je te pardonne, parce que tu as souffert plus que moi encore ; je te pardonne surtout pour l’amour de notre enfant. Étienne ! notre enfant ! pense donc ! Ah ! maintenant seulement je vois combien je t’aime. L’idée de la maternité, avec ses douleurs et ses tracas, m’effrayait ; maintenant, elle me comble de joie, elle me pénètre d’une ivresse profonde, divine. Un enfant, mon Étienne, qui te ressemblera, qui sera entre nous un lien de plus ! Et un instant, tu as pu m’accuser ! Demande-moi pardon encore. Non, je n’y veux plus penser. J’aurais peur de ne pouvoir te pardonner.

Faussée par ses relations coupables, Juliette s’était habituée peu à peu à mentir, à jouer ces petites