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les forçats du mariage

avec un ricanement amer. Ahl c’est ainsi que vous lui parlez ! c’est avec lui que vous apprenez ces tendres paroles, ces mots caressants que vous m’avez débités ! Juliette prit un parti héroïque :

— Écoute, Étienne, il est un moyen de faire tomber tous tes doutes : emmène-moi, partons ensemble, ne revenons jamais. Voyons, si je quitte Paris sans regrets, pour toujours, me croiras-tu enfin ?

Étienne ne répondit pas. Il réfléchissait. Juliette continuait de supplier.

— Et nous partirions demain pour Rio-Janeiro ! dit-il enfin.

— Oui, demain. Avec toi, j’irais au bout du monde. Mais tu me rendras ton amour et ta confiance.

Il hésitait encore, craignant une nouvelle fourberie. Cependant il était faible comme tous les amoureux. Il répondit :

— Eh bien ! soit ! nous partirons demain.

Toutefois il restait encore soupçonneux.

Elle étendit les bras, voulut faire un pas vers lui ; mais ses nerfs avaient été si rudement secoués, que la force lui manqua.

Elle tomba à terre, inanimée.

Il la crut morte. En la voyant ainsi pâle et glacée, il sentit combien il l’aimait encore.

Il la porta sur son lit, la réchauffa de son haleine,