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les forçats du mariage

billait, apaisait ses cris. Elle pensait qu’une mère seule peut comprendre le langage de son enfant. Vingt fois par nuit elle se levait, allait le voir ; en un mot, elle le couvait de son amour.

Elle se jetait dans cette passion nouvelle avec la même ardeur qu’une femme trompée se plonge dans la dévotion. L’amour maternel serait sa consolation, son salut.

En repassant dans son esprit les incidents de la soirée précédente, elle s’abandonna à une rêverie, à la fois pleine de charme et d’amertume.

Le souvenir d’Étienne l’occupait autant, plus même que celui de Robert. Elle le chassait ; il revenait obstinément. Par instants il l’importunait presque.

Elle se rappelait surtout l’impression si douce qu’elle avait ressentie lorsqu’il la portait dans ses bras. Elle revoyait ce visage sombre et triste. Ce n’était plus alors sa propre douleur qui l’oppressait et soulevait sa poitrine, c’était la douleur d’Étienne. Elle eût voulu lui envoyer une marque de sympathie, un mot de consolation. Elle ne l’osa point.

Cependant, ce souvenir était très-pur. Elle avait un trop haut sentiment du devoir, et son cœur était encore trop plein de Robert, pour qu’il y entrât la moindre velléité de représailles.

Il était sept heures du matin. Les fenêtres étaient ouvertes. Marcelle aspirait l’air pur, et se baignait avec délice dans la lumière d’un vivifiant soleil.