Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
les forçats du mariage

Malgré les secousses de la veille, elle se sentait réchauffée, rassérénée par les gaietés de ce beau jour. Ses pensées étaient encore mélancoliques, mais moins douloureuses.

Tout à coup elle fut tirée de sa rêverie par un bruit de sanglots, et elle entendit sur le sable les pas d’un enfant.

Elle se précipita vers la fenêtre, et aperçut dans le parc le petit Marcel Bassou, à peine vêtu, qui pleurait à chaudes larmes.

Depuis qu’elle avait un fils, elle aimait tous les enfants, et ne pouvait les voir pleurer sans ressentir une vive souffrance. Elle courut au jardin, rapporta son filleul dans ses bras et le questionna sur la cause de ses larmes.

— Mère dort si fort, répondit-il, que je ne puis la réveiller. Je l’appelle. Elle ne répond pas. Il y a du sang plein ses cheveux, et père est parti et ne revient pas. Je suis tout seul, j’ai peur, j’ai faim.

Marcelle se rappela ce cri aigu, poignant, qu’elle avait entendu la veille ; elle appréhenda un événement sinistre. Elle courut à la sonnette, l’agita violemment :

— Vite, dit-elle, courez vite chez Bassou. Elle voulut y aller aussi ; mais elle ne put marcher.

Elle passa une demi-heure dans les transes, serrant convulsivement dans ses bras le petit Marcel, qu’elle n’avait pas la force de consoler.