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les forçats du mariage

Enfin on apporta Lucette tout ensanglantée. Elle n’était qu’évanouie ; mais elle avait à la tempe une profonde blessure produite vraisemblablement par la crosse d’un fusil. Sans doute Bassou l’avait crue morte, et, pris de terreur, s’était enfui.

On ranima Lucette. Elle avait une fièvre intense, accompagnée de délire.

Lorsque Robert rentra, il montra une émotion très-vive de cet événement.

— Mais aussi, dit-il, pourquoi a-t-elle voulu retourner avec ce sauvage ?

— À cause de l’enfant, répondit Marcelle. Et puis Bassou la tourmentait, l’inquiétait. Elle craignait surtout quelque résolution extrême, si elle résistait.

— Après un semblable attentat, fit observer Robert, Bassou ne peut rentrer à la maison, et notre devoir est de le dénoncer à la justice ; car on met en cage les bêtes féroces.

— Cette dernière brutalité, repartit Marcelle, amènera du moins une solution. Il y a telle situation, ajouta-t-elle avec un soupir, dont on ne peut sortir que par une crise violente.

Robert la regarda avec quelque inquiétude. Que voulait-elle dire ? Faisait-elle allusion à leur propre situation ?

Surpris que Marcelle ne lui eût pas parlé d’affaires le matin, il crut qu’elle s’apprêtait à lui refuser sa signature.