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les forçats du mariage

— Chère amie, dit-il, merci de ta confiance, que je n’ai guère méritée jusqu’ici.

— Seulement, reprit Marcelle, j’ai réfléchi depuis hier au sujet de cette propriété.

— Ah ! voyons ! fit-il d’un ton tout à fait glacial.

— Hier, Cora, en me parlant de ses fermes de la Beauce, où elle va chaque année passer quelques semaines, m’a donné envie d’être aussi fermière pendant un mois ou deux de l’année. Je voulais donc te demander s’il était possible de ne pas vendre cette propriété avant de l’avoir visitée ensemble. Veux-tu que nous nous y arrêtions cet été en allant à Trouville ?

— Ah ! s’écria Robert, que ne m’as-tu parlé ce matin de ton désir ? Je viens de passer l’acte de vente. L’affaire est conclue. Il ne manque plus que ta signature. Je suis vraiment désolé de contrarier ainsi un de tes projets.

— Et l’on ne peut revenir sur ce marché ? insista Marcelle, qui, depuis la veille, caressait la chimère d’une églogue possible, et se berçait de l’espoir, qu’avec le secours de Cora, elle pourrait intéresser son mari à des occupations utiles et généreuses.

— Rompre un marché ! se récria-t-il, quand ma signature est donnée, tu n’y songes pas ! Je ne le puis absolument pas, sous peine de me faire traiter d’homme léger, indélicat même.