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les forçats du mariage

mis de venir y dîner : c’était donc là qu’elle devait l’attendre.

Quand elle y arriva, la justice était auprès du lit de Lucette. Le juge d’instruction interrogeait la malade. Bassou, arrêté, avait accusé sa femme d’adultère, et nommé M. de Luz comme complice, Il alléguait les mille francs que Robert avait donnés à Lucette pour plaider en séparation.

Pressée de questions adroites, affaiblie d’ailleurs par la fièvre, Lucette avait avoué que dans la nuit du crime il y avait eu, en effet, un homme et une femme renfermés dans sa maison ; qu’enfin Robert avait une fois abusé d’elle.

Marcelle trouva Mme Rabourdet atteinte d’une sorte de crise nerveuse, La justice chez elle ! Un procès scandaleux dans lequel leur nom allait figurer, les turpitudes de son gendre dévoilées ! Il avait, sous le toit conjugal, séduit une femme de service ; il était l’amant de Mme Moriceau ! Dans son indignation, elle ne put rien cacher à sa fille, qui reçut ainsi le dernier coup. Non-seulement il ne l’aimait plus, mais il ne la respectait pas. Marcelle crut sentir un moment que la vie se retirait de son cœur. Toutefois, devant le berceau de son enfant, elle trouva la force de dominer sa douleur ; elle chercha même à calmer sa mère ; elle lui cacha l’appréhension terrible qui l’obsédait.

Étienne, il est vrai, avait promis de ne faire aucun mal aux coupables ; mais une parole vive