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les forçats du mariage

avec passion, avec désespoir ; ce fils désormais était sa seule affection.

Lorsque Robert se réveilla, complètement dégrisé, il passa dans l’appartement de sa femme.

Marcelle n’avait pu prendre aucun repos. Elle se tenait encore auprès du berceau de son enfant. Son attitude, ses regards, son visage fatigué, marbré, attestaient une incurable douleur.

Mme Rabourdet se trouvait chez sa fille. Ses yeux rougis portaient les traces des larmes qu’elle avait versées depuis deux jours.

Robert, quand il n’était pas emporté par ses passions, montrait une très-vive sensibilité, surtout devant les douleurs qu’il avait causées. C’était cette bonté native, pleine d’élan et de générosité, qui, malgré ses coupables entraînements, lui gagnait la sympathie.

En voyant ces deux femmes brisées par lui, il se sentit honteux, repentant.

Il les aborda d’un air réellement contrit. Mais elles furent insensibles à ses avances.

Toutefois l’air méprisant de Mme Rabourdet l’irrita.

— Peut-être, si un tiers n’était pas sans cesse entre nous, dit-il, trouverais-je plus de plaisir à rester auprès de toi.

— Ah ! c’est cela, monsieur, je vous gêne, repartit Mme Rabourdet. Vous sentez que je n’ai pas la même indulgence que Marcelle. Je m’étonne, en