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les forçats du mariage

— C’était vrai !… murmura Marcelle en s’affaissant sur son lit…

La jeune femme alors, tremblante d’indignation, lui conta ce qui s’était passé.

Robert baissait la tête sans répondre.

— Ainsi, s’écria-t-elle, plus de doute possible, pas un mot d’excuse ! Vous me trompiez, vous trompiez votre ami. Quel homme êtes-vous donc ?

— J’ai les idées un peu troublées ; demain je t’expliquerai… Une méprise…

Il voulut s’approcher de Marcelle, lui entourer la taille, la baiser au front.

Elle fit un mouvement en arrière, un mouvement de répulsion, presque d’horreur.

— Comment, ma petite femme, tu deviendrais méchante, toi ? Eh bien ! tu as raison, je le mérite. Mais demain tu me pardonneras, n’est-il pas vrai ? Je te promets d’être bien sage, et nous irons dans la Beauce avec ton amie Cora.

En passant devant le berceau de son fils, il lui envoya un baiser.

Il sortit en chancelant un peu.

Marcelle le regardait s’éloigner. Elle restait stupéfiée, pâle comme une morte. Cet homme qu’elle avait aimé avec une sorte d’idolâtrie, cet homme en cet instant la dégoûtait. Involontairement elle pensait à Étienne, à Étienne si bon, si affectueux, si digne d’être aimé, et comme elle, si malheureux !

Elle se jeta sur le berceau de son fils, l’embrassa