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les forçats du mariage

Mais comme Juliette ne comptait pas absolument sur Robert, elle écrivit une seconde lettre à M. Rabourdet :

« Monsieur,

» Je retourne en France, seule ; car mon mari refuse de m’accompagner. Vous m’avez autrefois offert vos services avec tant de désintéressement et de bonne grâce, que, parmi tous mes anciens amis, vous êtes le seul à qui j’ose m’adresser, et sur l’obligeance duquel je compte entièrement. Ce qui m’inspire cette confiance, outre la noblesse, bien connue de votre caractère, c’est l’affection que vous m’avez témoignée, affection dont je suis aussi flattée que reconnaissante.

» Je pense vivre modestement, avec une grande économie. Ne pourriez-vous me louer un appartement de deux à trois mille francs dans l’une de vos maisons, et me prêter dix mille francs qui me suffiront pour la première année ? Je vous les rembourserai dès que je rentrerai en possession de ma dot, ce qui ne peut tarder un an.

» J’arriverai au Havre le 12 janvier, et serai à Paris le 13. Je vous préviendrai immédiatement.

» Recevez à l’avance, monsieur, l’assurance de ma profonde gratitude.

» Juliette. »

Le jour du départ arrivé, Juliette se dit plus souffrante que de coutume.

Étienne crut qu’elle avait un peu de fièvre. Son