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les forçats du mariage

Fleurus. À l’angle de la rue Jean-Bart, il longea une muraille élevée et noirâtre, s’arrêta devant une petite porte verte et sonna.

Une femme âgée vint lui ouvrir.

Mme de Brignon ? demanda-t-il.

— Elle s’est trouvée un peu indisposée ce soir, et s’est couchée.

Mlle Delormel ?

— Mademoiselle est au jardin, répondit la vieille femme.

Le jardin était assez vaste. Il faisait déjà sombre. Les derniers reflets du jour éclairaient seulement le haut des arbres. L’atmosphère était lourde, électrique et chargée d’effluves printanières.

Robert, en pénétrant dans ce jardin, se sentit oppressé.

Il regarda sa montre.

— Je n’ai que vingt minutes, pensa-t-il, car je dois être à neuf heures chez les Rabourdet.

Il marcha plus vite. Puis il ralentit le pas. On eût dit qu’il hésitait.

Tout à coup un petit cri contenu s’échappa d’un fourré de charmille.

Il s’arrêta.

— Où êtes-vous donc, Juliette ? dit-il à demi-voix.

Une jeune fille sortit du massif, et se présenta en lui tendant la main.

Il prit cette main, et la porta à ses lèvres.