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les forçats du mariage

il croyait qu’aucun malheur véritable ne pouvait l’atteindre.

Et cependant, quelque peu matée par l’infortune, cette forte et exubérante organisation eût pu devenir une individualité remarquable. Son esprit original, sa vive intelligence, son âme généreuse, sa parole passionnée l’eussent rendu apte aux fonctions sociales les plus élevées ; mais énervé trop tôt par l’amour et par la morale facile de notre époque, il résumait toute sa philosophie dans ces mots : « Notre vie n’a, et ne peut avoir qu’un but, le bonheur. Le vrai sage doit le prendre où il le trouve, et le saisir vite quand il le rencontre. »


ii


Pour la première fois, cet enfant choyé de la fortune se trouvait en face d’une situation sérieuse. Comme il était resté, au milieu de sa vie de plaisir, scrupuleusement honnête, grande était sa perplexité, malgré le ton frivole qu’il tâchait d’affecter.

Il dîna fort mal, du bout des dents.

À sept heures, il sortit, et dit à son cocher :

— Rue de Vaugirard, en face du Luxembourg.

Quand il y arriva, les portes étaient encore ouvertes. Il traversa le jardin, sortit par la rue de