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les forçats du mariage

regimbait pas. Quand elle l’insultait, il lui baisait la main ; si elle le mettait à la porte, il rentrait par la fenêtre. Il passait sa vie chez elle ; quelquefois même il restait plusieurs jours sans rentrer à son hôtel.

C’était cette nouvelle passion qui l’empêchait d’aller voir Juliette. D’ailleurs, que lui dirait-il ? Si elle voulait renouer, comme cela était certain, pourrait-il la repousser, dans l’isolement où elle se trouvait ? Et il ne voulait pas rompre avec Toto ; car il était jaloux.

Un soir, il perdit 30,000 francs, et Toto lui fit un affront sanglant : elle lui montra une broche de diamants qu’elle lui demandait depuis quinze jours, et qu’un seigneur russe venait de lui envoyer.

Il rentra chez lui humilié, découragé, malade. Maintenant il haïssait et méprisait cette femme ; il eût voulu la broyer sous ses pieds, et cependant il n’avait qu’une pensée : éclipser son rival par un présent d’une valeur double.

Enfin, les 30,000 francs qu’il avait perdus sur l’honneur, il fallait les payer ou se brûler la cervelle.

Il trouva chez lui plusieurs lettres de Juliette qu’il n’ouvrit pas. Il passa chez sa femme. Marcelle était sortie.

Il vit sur un meuble de boule une cassette où elle serrait ses diamants. Il ne pensa pas qu’il allait commettre un vol ; il se dit seulement qu’il con-