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les forçats du mariage

De temps à autre, il découvrait son front brûlant, comme pour apaiser la tempête qui bouleversait aussi son cerveau. Mille pensées tumultueuses traversaient son esprit désolé, semblables aux nuages grisâtres qui, poussés par le vent, couraient épars sur un fond noir.

Tout à coup il marcha plus vite, puis il revint sur ses pas comme invinciblement attiré. Il s’éloigna de nouveau avec colère.

Marcelle habitait une maisonnette sur la baie des Villes. Il côtoya le rivage, franchit le Rochroum, puis le fort de Liek, et continua son chemin jusqu’à une falaise escarpée, qui dominait la mer en sur plomb.

La tempête semblait se calmer. On voyait circuler sur la plage quelques vigies, quelques falots.

Il gravit le rocher. Arrivé au sommet, son regard embrassait la mer immense. D’un côté, la petite anse de Roscoff ; en face de lui, l’îlot de Batz, avec son phare à feux tournants, qui éclairait de ses rayons impassibles et splendides cette lutte titanesque des éléments.

Tout à coup, il lui sembla que des voix sortaient du rocher. Il tressaillit, prêta l’oreille. Il n’entendit plus rien.

Alors il leva au ciel un regard désespéré ; une dernière fois il se tourna vers la demeure de Marcelle ; puis il se précipita dans le gouffre.

Au moment où Étienne Moriceau parvenait au