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Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/42

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les forçats du mariage

— Mais, vous jouiez avec mon cœur. Depuis un an je souffre.

— Je ne croyais pas votre affection sérieuse. Je me disais : C’est une enfant ; elle m’aime parce qu’elle n’a jamais vu que moi. Elle aimera de même le premier qui se présentera.

— Pour qui me prenez-vous donc ? Depuis que je vous aime, tous les autres hommes me semblent odieux, haïssables.

— Quoi qu’il en soit du passé, mon enfant, nous devons aujourd’hui dominer cet entraînement, puisque je suis pauvre.

— Je vous aime mieux pauvre, vous serez plus à moi, reprit-elle avec un accent douloureux et attendri.

— Oh ! la pauvreté, Juliette, la pauvreté aurait bien vite tué l’amour.

— J’ai entendu dire à grand’mère que j’aurais deux cent mille francs de dot.

Le comte ne put réprimer un sourire.

— J’en dois déjà six cent mille, et deux cent mille francs font dix mille francs de rente, c’est-à-dire la misère.

— Mais je vous aimerais mendiant, criminel même ; je vous aimerais surtout malheureux.

— Vous ne savez rien de la réalité, pauvre amie, calmez donc cette chère petite tête.

— Ma tête ! c’est mon cœur qui vous aime.

— Allons, soupira-t-il, il le faut.