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les forçats du mariage

promettez-moi, jurez-moi que jamais vous ne me ferez attendre ainsi.

— Je vous le jure, s’écria Robert très-sincèrement, si toutefois vous daignez m’accorder votre main, lorsque je vous aurai dit…

— Je ne veux rien savoir, monsieur, et je daigne vous accorder ma main.

Mais Robert insista.

— Laissez-moi parler, reprit-il avec gravité. Vous ne me connaissez aucunement. Avant d’accepter votre main si confiante et si loyale, je veux me montrer à vous tel que je suis.

Marcelle eut peur ; car elle redoutait quelque révélation qui la forcerait à le mépriser ou à le haïr. Sa pupille se dilata, ce qui était chez elle le signe d’une anxiété violente. Elle appuya la main sur son cœur comme pour y comprimer une douleur.

— Parlez vite, alors, fit-elle.

Robert lui conta toute sa vie de plaisir et de désordre, et lui montra son vrai caractère.

Puis il se mit à genoux et prit dans ses mains les mains tremblantes de la jeune fille.

— Je vous ai fait une confession aussi entière que je l’eusse faite à un prêtre. Vous me connaissez à présent. Serez-vous assez généreuse pour me donner l’absolution, assez vaillante pour regarder l’avenir sans trop d’effroi ?

Marcelle était bouleversée par tout ce qu’elle venait d’entendre. Mais Robert était à ses genoux re-