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les forçats du mariage

Il se sentait auprès d’elle comme enveloppé dans une atmosphère douce, pénétrante, toujours égale. Marcelle avait dans le regard, dans la voix, dans le sourire des langueurs pudiques qui ne le troublaient pas, mais lui causaient cette ivresse de cœur, symptôme du véritable amour.

Ainsi du moins, il ne tromperait pas cette femme qui se confiait à lui avec tant d’abandon.

Parfois, cependant, son scepticisme lui revenait. Il se disait avec une sorte de terreur :

— Si j’allais aimer ma femme, lui être fidèle, faire un bon et respectable père de famille, ce serait drôle, presque bête.

La veille de son mariage, il reçut trois lettres : une de la princesse Ircoff, une de Nana, et ces simples mots de Juliette :

« Je veux vous voir. Je vous attendrai demain à quatre heures. »


La princesse lui écrivait :

« Je comprends vos motifs, mon ami, et je les accepte, puisque j’y suis contrainte. Vous avez cru que je ne pleurerais pas. J’ai sangloté. Toutefois, dans l’espoir de vous plaire encore, je tâche de me conformer à cette maxime que vous m’avez apprise : « Pour être toujours belle, il ne faut aimer, pleurer et rire qu’à demi, attendu que tout cela plisse horriblement. »

J’ai donc essuyé mes larmes ; cependant mon